USA jour 1 : Simone Manuel et Katie Ledecky assurent, Caeleb Dressel décroche

Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.

Championnats des Etats-Unis 2018

Caeleb DRESSEL a bien commencé son année de professionnel. Il s’est ramassé, 6e, sur 100 mètres, la distance qu’il dominait, l’an passé, de la tête et des épaules. J’aimerais avoir un retour US de cette mésaventure d’un garçon qui a perdu une seconde et quatre sur son record de Budapest, en finale du mondial ! C’est fou ce que la natation pro ne représente pas une voie royale, parfois, et exige des adaptations dont tout le monde ne sort pas indemne. En signant un contrat pro (en l’occurrence avec Speedo), le nageur n’a peut-être pas fait attention aux petits caractères, qui lui demandent de se trouver dans des « coups » qui peuvent aller à l’encontre de sa préparation. Qui sait ?

Un qui s’en sort toujours bien, c’est Nathan ADRIAN. Parcours admirable du champion olympique 2012. Il ne gagne pas toujours, mais, qu’il pleuve ou qu’il vente, il est toujours sur le podium. Cette fois, il fait 2e derrière Blake PIERONI. Jusqu’ici reconnu aux Etats-Unis pour avoir, le premier, « battu » la minute et demie sur 200 yards en petit bassin, voilà de Blake en question qui transcende son exotique record (battu presqu’immédiatement par Townley HAAS) et devient numéro un en grand bassin…

Est-ce que ça le rend invincible sur la distance ? Pas le moins du monde. Pieroni, en l’occurrence, est un poil meilleur qu’il ne l’était aux mondiaux de Budapest, en 2017, quand, dans le relais quatre fois 100 mètres des USA, il avait nagé 48s40 au départ des séries et 48s08 au pied en finale. Il reste à distance respectueuse du meilleur Dressel et se trouve devancé par les leaders mondiaux de la saison. Mais disons qu’il est dans le coup…

Disons aussi que les places de Pieroni et de Haas laissent entrevoir de bons temps sur 200 mètres…

Côté filles, c’est Simone MANUEL qui réussit l’exploit. Chaque saison démontre que la championne olympique de Rio est bel et bien la meilleure sprinteuse du monde. Bien entendu, libre à nous de penser que Cate Campbell ou Sarah Sjöström ont leur mot à dire, mais voilà : championne olympique à Rio, championne du monde à Budapest, championne des USA avec un nouveau record national, la brune Simone est d’une race de championnes à part – pas la race noire, la race des gagneurs, de celles et ceux qui se surpassent au jour J et à l’heure H (comme KROMOWIDJOJO, ou ADRIAN chez les hommes). Mallory COMERFORD détenait le record. Mais en finale, Manuel l’a devancée et a effacé son nom du tableau des records…

Retour d’Allison SCHMITT. La championne olympique (200 mètres) de 2012 (et de 2016 avec le relais quatre fois 200 mètres), après avoir eu l’air de s’éloigner un peu – mais jamais très loin – avait décidé l’automne dernier qu’elle allait remettre ça en grand. « Seulement » 6e du 100 mètres des championnats US, mais l’enthousiasme est revenu et le talent est toujours là…

Si DRESSEL n’a pas réussi son premier 100 mètres libre de professionnel, Katie LEDECKY, également devenue pro, n’a pas transcendé. Neuvième des séries du 100 mètres avec 54s42, elle a déclaré forfait pour la finale B, la seule qui lui était offerte (Missy FRANKLIN, elle, gagnait la finale C et rentrait par la petite porte dans la compétition après deux saisons de doutes et de blessures). Ledecky, en revanche, demeurait intouchable sur 800 mètres, qui devançait Leah SMITH d’un tiers de bassin. Elle est restée à sept secondes de son record du monde, vieux de deux ans puisqu’établi en finale olympique, 8’4s79. Ce ne fut pas faute d’essayer, à preuve un passage en 4’2s29, près de celui de Rio il y a vingt quatre mois, 4’1s98. Peut-être est-elle partie trop vite, 57s34 et 1’58s24 contre 57s98 et 1’59s42 au Brésil ?

FLICKINGER « EFFACE » LA LÉGENDAIRE MARY T. MEAGHER

Sur 200 mètres papillon dames, Hali FLICKINGER démolit une performance légendaire, les 2’5s96 établis par Mary T. MEAGHER en 1981 ! Le temps de Meagher avait été beaucoup plus tard battu au niveau mondial surtout par des filles dopées jusqu’à la moelle. Il paraissait outrecuidant à l’époque.

L’année suivante, Mary T vint nager en France et je la « coinçai » pour une interview serrée. A part ses qualités de nageuse extraordinaires, et une discipline et un mental dont je ne trouve meilleur exemple que la Katie Ledecky d’aujourd’hui, Meagher était une fille normale, à peine costaude ; si je puis me permettre, je lui trouvai un profil assez romantique à la Joan Baez.

Je me souviens qu’elle me racontait avoir appris à nager dans une piscine assez particulière, qui avait été « taillée » dans un lac, dans sa bonne ville de Louisville, dont je vis des photos incroyablement belles, voire magiques, dans je ne sais plus quelle revue, Sports Illustrated ou Swimming World ! Je me souviens aussi que pendant cet entretien, un nageur français, Pierre Andraca, je crois, m’interpella d’un « alors Lahmy, on ne s’ennuie pas. »

Il devait me prendre pour Pierre Fulla !

MESSIEURS.- 100 libre  49s04 : 1. Blake PIERONI, 48s08; 2. Nathan ADRIAN, 48s25; 3. Townley HAAS, 48s30; 4. Zachary APPLE, 48s34 (en séries, 48s06); 5. Michael CHADWICK, 48s44; 6. Caeleb DRESSEL, 48s50; 7. Maxime ROONEY, 48s56 (en séries, 48s27); 8. Ryan HELD, 48s65. Finale B: 1. Tate JACKSON, 48s20; 2. Dean FARRIS, 48s52; 3. Robert HOWARD, 48s67; 4. Justin RESS, 48s74; 5. Michael JENSEN, 48s75. En séries, Daniel KRUEGER, 48s87 ; Conor DWYER, 48s93 ; Ryan MURPHY, 48s98.

200 papillon  1’56s58 : 1. Justin WRIGHT, 1’54s63 ; 2. Zach HARTING, 1’55s11 ; 3. Gianlucca URLANDO et Jack CONGER, 1’55s21; 5. Tom SHIELDS, 1’55s25; 6. Chase KALISZ, 1’55s42; 7. Trenton JULIAN, 1’56s20; 8. Jack LEVANT, 1’56s43 (en séries, 1’55s89). Finale B : 1. Sam POMAJEVICH, 1’56s28. En séries, Mike THOMAS, 1’56s41, Gunnar BENTZ, 1’56s59

1500 libre  15’10s66 : 1. Jordan WILIMOVSKY, 14’48s89 ; 2. Robert FINKE, 14’55s34; 3. Zane GROTHE, 15’0s85; 4. Nick NORMAN, 15’8s81; 5. True SWEETSER, 15’10s65.

DAMES.- 100 libre 54s42 : 1. Simone MANUEL, 52s54 (record des USA, ancien, COMERFORD, 52s81) ; 2. Mallory COMERFORD, 53s09 ; 3. Margo GEER, 53s44 ; 4. Abbey WEITZEIL, 53s56; 5. Lia NEAL, 53s95; 6. Allison SCHMITT, 54s24; 7. Kelsi DAHLIA, 54s41 (en séries, 54s32). Finale B: 1. Katie MCLAUGHLIN, 54s24.

800 libre   8’26s85: 1. Katie LEDECKY, 8’11s98; 2. Leah SMITH, 8’22s79; 3. Haley ANDERSON, 8’24s13; 4. Ally MCHUGH, 8’24s22

200 papillon   2’7s35 : 1. Hali FLICKINGER, 2’6s14 (en séries, 2’5s87, record des USA, ancien, Mary T. MEAGHER, 2’5s96 en 1981); 2. Katie DRABOT, 2’7s18 (en séries, 2’7s30); 3. Regan SMITH, 16 ans, 2’7s42.

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About Eric Lahmy

Eric Lahmy

Né à Tunis en Tunisie le 1er juin 1944, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Nageur, il a été champion de Tunisie du 200 mètres brasse en 1964. Il a ensuite été journaliste à L’Equipe entre 1969 et 2011, il a effectué de multiples collaborations, dont …

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