Et une nouvelle affaire de dopage pour Sun Yang

Eric Lahmy
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January 29th, 2019 Français

Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.

29 janvier 2019

DANS LA PHILOSOPHIE CHINOISE, LE YIN ET LE YANG S’OPPOSENT POUR FORMER LA RÉALITÉ DU MONDE. LE YIN ÉTANT LA FACE CLAIRE DE LA VIE, LE YANG SA FACE OBSCURE. POUR CE QUI CONCERNE SUN YANG, C’EST LA MÊME CHOSE. UNE NOUVELLE FOIS, C’EST LA FACE SOMBRE, LE YANG INDIQUÉ PAR SON PRÉNOM, QUI RESSORT. LE TRIPLE CHAMPION OLYMPIQUE S’EST OPPOSÉ À UN CONTRÔLE SURPRISE EFFECTUÉ PAR LA WADA, L’ORGANE ANTI-DOPAGE MONDIAL. ET IL EST SOUTENU PAR L’ANTIDOPAGE CHINOIS, LES FÉDÉRATIONS CHINOISE ET INTERNATIONALE DE NATATION ! UNE BELLE PLÉAIDE DE FAUX DERCHES QUI N’ONT JAMAIS FAIT FORT DANS LEUR LUTTE CONTRE LE DOPAGE, A LA RESCOUSSE D’UN CHAMPION POUR LE MOINS INTERLOPE.

L’histoire est un peu vieille mais n’a éclaté au grand jour que depuis quelques jours, et se trouve être assez insolite pour mériter qu’on s’y arrête. D’autant que le nageur chinois SUN Yang, qui s’y trouve impliqué, n’est pas n’importe qui. Il aurait, le 4 septembre dernier, donc il y a près de cinq mois, tenté d’échapper à un contrôle anti-dopage en utilisant la manière forte. Aidé de son garde du corps, il a, dit-on, détruit à coups de marteau un flacon contenant son sang. Cet incident musclé aurait été provoqué par la suspicion du nageur au regard de l’authenticité de la carte d’identification du testeur.

Les faits ont été rapportés par le britannique Sunday Times.

D’après les rapports, une infirmière, accompagnée d’autres officiels de l’antidopage, s’était rendue au domicile du nageur, situé dans la province du Zheijiang, afin de recueillir des échantillons sanguins et d’urine du nageur. On leur demanda d’attendre dehors, le nageur ne se trouvant pas à son domicile.

Après l’arrivée de Sun (triple champion olympique, 400 et 1500 mètres à Londres en 2012 et 200 mètres à Rio de Janeiro en 2016), les faits ne sont pas clairs. Il est dit qu’un flacon de sang fut prélevé à un clubhouse voisin. Selon le Sunday Times, Sun Yang aurait soulevé des objections concernant l’identification d’un officiant, estimant que ses papiers ne démontraient pas de façon claire qu’il s’agissait d’officiels de l’anti-dopage.

Il aurait, d’après les rapports, quitté de façon répétée la chambre prévue à cet effet alors qu’il était censé produire un échantillon d’urine, fait qui se trouve être en contravention avec le protocole de l’antidopage. Le ton ayant monté, la mère du nageur, Yang Ming, une ancienne volleyeuse qui avait montré en d’autres occasions qu’elle perd vite son Yin quand il s’agit de son Yang, ordonna à son garde du corps d’attaquer à coups de marteau le flacon de sang. L’infirmière, qui prenait des notes sur la situation provoquée par le champion et sa volleyeuse d’attaque de mère, se serait vue arracher son carnet par le nageur qui l’aurait mis en pièces (le carnet, pas l’infirmière).

Sun Yang a nié la présentation des faits du Sunday Times et menacé d’intenter un procès à l’hebdomadaire britannique, mais on affirme qu’à la WADA (World Antidoping Agency), on est très remonté par l’affaire, après que la Fédération Internationale (FINA) ait donné raison au nageur.

Avocat du nageur, M. Zhang Qihuai, a déclaré à l’agence Xinhua que les articles britanniques étaient mensongers, alors qu’un grand nombre d’évidences auraient été envoyées à la FINA pour démontrer qu’aucune faute n’aurait été commise par le nageur. Le responsable du Centre anti-dopage du Zheijiang, M. Dan Zhaoqi, aurait pris fait et cause pour le nageur dans son plaidoyer. Les papiers de l’infirmière, prétend-il à la suite du nageur, n’étaient pas adéquats. Comme M. Dan n’était pas sur place, son « témoignage » reste fragile. Mais il semble avoir pleinement convaincu la Fédération chinoise de natation et la FINA. En revanche, la WADA considérerait une action devant le Tribunal arbitral du sport.

Le plus grave, dans cette affaire, qui est loin d’être vénielle, c’est, au-delà de son côté effarant, que Sun Yang a un passé. En 2014, il a été banni pour trois mois, ayant été positif à la trimetazidine, un produit interdit.

La Fédération chinoise, se basant essentiellement sur le point de vue du responsable (absent) de l’antidopage du Zheijiang, s’est rangée du côté de son nageur vedette.

Il est pourtant assez difficile de croire que briser un flacon à coups de marteau constitue une réponse adéquate dans une situation de doute, et en sens contraire assez tentant d’imaginer que, de la part du nageur, échapper au contrôle constituait une question de vie ou de mort (sportive tout au moins), s’il savait qu’il serait positif à quelque produit que ce soit.

Ce d’autant plus qu’une loi chinoise récente a décidé de criminaliser le dopage, lequel peut être puni de prison. Mais Sun connait ça. Il avait purgé une peine d’une semaine après avoir été impliqué dans un accident de la circulation alors qu’il n’avait pas passé son permis de conduire, à une époque post-olympique (de Londres) où il était devenu intenable…

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About Eric Lahmy

Eric Lahmy

Né à Tunis en Tunisie le 1er juin 1944, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Nageur, il a été champion de Tunisie du 200 mètres brasse en 1964. Il a ensuite été journaliste à L’Equipe entre 1969 et 2011, il a effectué de multiples collaborations, dont …

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