Trois grosses finales, dans ce deuxième jour des championnats du monde de Budapest. Et les victoires de trois super-favoris. Des courses présumées sans surprises, en quelque sorte (à condition que le favori gagne, certes). Je ne sais à qui donne la prééminence. Et donc, on les présente par ordre d’entrée en scène.
Adam PEATY, Grande-Bretagne, sur 100 mètres brasse. Une suprématie incontestée, née de tout un faisceau de qualités. Il a le physique, avec son 1,90m et des muscles tout partout. Il a aussi le technique, avec une façon d’enrouler son mouvement dans un tempo andante qui ne connait pas les temps morts. Il n’a pas eu à se surpasser, le Grand-Breton, dont le record du monde, 57s13, amélioré en finale des Jeux olympiques de Rio, n’a pas été menacé. Avec 57s47, il a quand même pulvérisé le record des championnats établi par ses soins à Kazan, il y a deux ans. C’était 58s18. Il les avait frôlés (en 58s21) dès les séries, dimanche matin, avant de les balayer l’après-midi, en 57s75.
Adam PEATY a donc encore fait mieux en finale, alors que son second, l’Américain Kevin CORDES, n’a pas pu rééditer son temps des demis, 58s64. CORDES a arraché l’argent avec 58s79, devant le Russe Kirill PRIGODA, 59s05, le Japonais Yasuhiro KOSEKI, 59s10, et le second Américain, Cody MILLER, 59s12 (59s08 en demi). Cameron Van Der BURG avait décidé de ne pas nager la course, afin de se dédier aux 50 brasse, aujourd’hui et demain. Ah, les cinquante mètres de spécialités, corral pour les vieux chevaux de retour !
A propos, PEATY est passé au 50 de son 100 en 26s50. Il a nagé 26s48 cette saison, et son record mondial est de 26s42. Ça va être difficile, pour Van Der BURGH… La FINA devrait créer les 25 de spécialités pour les vieux serviteurs !
PEATY était content de son titre, à peine moins de sa performance. Son but actuel, claironné, c’est de devenir le premier nageur de brasse du monde en-dessous des 57 secondes. Il a baptisé cet espoir « projet 56 ». Mais comme il l’a dit avec toute la philosophie nécessaire après la finale : « vous visez les records de monde, mais ils sont records du monde pour une raison. »
PEATY lança une grande journée britannique. Benjamin PROUD, un de ses co-équipiers, enleva l’or du 50 mètres papillon, devant le Brésilien Nicolas SANTOS, l’Ukrainien Andrii GOVOROV, l’Américain Caeleb DRESSEL et le Singapourien Joseph SCHOOLING, tous les cinq séparés par vingt centièmes de seconde : 22s75, 22s79, 22s84, 22s89, 22s95. Ces garçons étaient les mêmes qui avaient déjà nagé, en qualification, moins de 23 secondes, dans un ordre différent, DRESSEL menant le bal en 22s76 devant GOVOROV, 22s77, SANTOS, 22s84, PROUD, 22s92 et SCHOOLING, 22s93. C’est ça aussi, le sprint. Au bout du talent, l’aléa reprend ses droits.
Toujours de Grande-Bretagne, les « vainqueurs » des demi-finales du 200 mètres, Duncan SCOTT, lequel s’est farci SUN YANG, dont il sut résister au retour, en 1’45s16 contre 1’45s24 ; et James GUY, qui, opposé à Townley HAAS et à sa mise en action météorique (50s60) nageait 1’45s18 contre 1’45s43 à l’Américain. Avec SCOTT, plus sprinteur, et GUY, plus stayer, la Grande-Bretagne s’offre deux possibilités de podiums sur une des courses reines du programme de natation ! Et SCOTT, on l’attend aussi sur 100.
SARAH « UN PEU FATIGUÉE » PAR SA FOLLE JOURNÉE DE DIMANCHE, RATE SON RECORD DU MONDE
Que dire de la victoire sur 100 papillon de Sarah SJÖSTRÖM ? Retenir qu’elle frôle son record du monde de la distance, avec 55s53 contre 55s48 aux Jeux de Rio de Janeiro ? Qu’elle bat le record des championnats, 55s64 à Kazan ? Doit-on retenir son parcours, ici, 55s96 dès les séries, dimanche matin, puis 55s77 en demi-finales ? Doit-on, comme nous le rappelait Anne Lepesant dans le site de SwimSwam, se souvenir qu’elle a nagé, désormais, les dix 100 papillon les plus rapides du monde, rejetant ainsi Dana VOLLMER, la championne olympique de Londres, à la 11e place ? Doit-on mettre en exergue qu’elle enlève son 3e titre de championne du monde d’affilée sur la distance ? L’intéressée a expliqué l’absence de record : « j’étais un peu fatiguée, après mes courses d’hier. » L’hier en question, SJÖSTRÖM avait rejoint le Mark SPITZ de 1970 sur 100 crawl. Et aujourd’hui, elle a nagé aussi vite que l’Américain, à cette époque, en papillon (55s8). SJÖSTRÖM était bien partie pour battre ce record, passant en 25s67 (contre 26s01 à Rio pour ses 55s48) mais connut ensuite quelques difficultés.
C’est un peu normal, et elle n’a qu’à s’en prendre à elle-même Sarah. Pour la plupart d’entre nous, le dimanche est fait pour se reposer. Pour SJÖSTRÖM, ca sert à battre des records du monde. Comment voulez-vous qu’elle soit reposée pour reprendre le boulot lundi ?
EMMA MCKEON, LA FILLE QUI N’EN RATE PAS UNE (DE COURSE)
C’est aussi la deuxième de la course qui mérité un coup de chapeau. Emma McKEON, l’Australienne. J’avoue qu’elle m’épate, la petite des Antipodes. Il semble qu’elle soit incapable de rater une course ! Toujours là quand on l’attend. Laissée sur place par la vitesse de base de la Suédoise dans le premier 50 mètres, où elle passait en 26s34, la fille des Antipodes ne baissait pas pavillon, et se battait sur chaque coup de bras. Elle devançait d’assez peu l’Américaine Kelsi WORRELL, 56s18 contre 56s37…
DERRIÈRE HOSSZU, HOHASHI ET UN GRAND COMBAT EN PERSPECTIVE SUR 400 QUATRE NAGES
Katinka HOSSZU, pour sa part, triomphait sur 200 mètres quatre nages, où elle engrangeait une avance déterminante dans ses parcours en papillon (27s07) puis en dos (31s99), ne lâchait rien en brasse (37s33) et finissait correctement (30s61) pour un temps de 2’7s assez proche de son record mondial, 2’6s12, établi à Kazan en 2015.
HOSSZU, championne olympique du 100 dos, et qui, le matin même, avait établi en 58s80 la 2e performance des séries de la course derrière Kylie MASSE, déclarait forfait pour la finale, laissant une nouvelle fois MASSE mener la danse avec un formidable 58s18, à six centièmes du record du monde (58s12 par Gemma SPOFFORTH). Iron Lady se réservait pour son quatre nages. Bien lui en prit.
Derrière la musculaire Magyare, on trouvait la filiforme Nippone Yui HOHASHI, 2’7s91, vraie sylphide, publicité vivante pour produit minceur (on devrait la fiancer à Chris FROOME), qui produisait son effort depuis la ligne d’eau numéro huit (dernière qualifiée). Avec ce temps, nouveau record du Japon, HOHASHI a-t-elle démontré des progrès, son record personnel étant jusqu’ici 2’9s96, qu’elle pourra reporter sur 400 mètres quatre nages, où elle a amené son record national à 4’31s42 en avril dernier ; et alors Katinka HOSSZU risque d’avoir quelques soucis ; ou bien ne s’est-il agi, à Budapest, pour la Japonaise, que de mettre son 200 au niveau technique de son 400 ? Réponse le 30 de ce mois.
À propos de grosses bagarres, le 100 mètres brasse féminin nous promet un beau crêpage de chignon : Ruta MEILUTYTE et Lilly KING, qui adorent dire tout le bien qu’elles pensent de Yuliya EFIMOVA et de ses deux affaires de dopage, se retrouvent avec leur idole en finale. KING a dominé les séries, 1’5s20 contre 1’5s60 à EFIMOVA et 1’5s81 à MEILUTYTE ; EFIMOVA a répliqué en demi, frôlant d’un centième le record mondial de MEILUTYTE avec 1’4s36, KING gagnant la 2e série en 1’4s53 contre 1’5s06 à MEILUTYTE. La Russe va se retrouver en finale entre les deux championnes olympiques de la distance. A voir !!