Championnats d’Europe : on peut être Peaty et battre de grands records

Eric Lahmy
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August 04th, 2018 Français

Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.

Championnats d’Europe de natation 2018

Dimanche 5 Août 2018

Adam PEATY a bel et bien battu le record du monde du 100 mètres brasse, et, en 57 secondes juste a approché d’un centième de seconde le but qu’il s’était donné, celui de battre la limite chronométrique qu’il a atteinte. Il est passé en 26s65, et a fini en 30s35.

Bien entendu, il n’y a pas eu de bataille pour le titre européen 2018, à Glasgow. Le 2e, son compatriote James WILBY, a fini une grosse longueur derrière, en 58s54, et seuls les trois premiers de la course ont « battu » les 59 secondes. Parmi les disparus du 100 brasse, le recordman du monde junior Nicolo Martinenghi, victime de douleurs handicapantes au niveau du bas-ventre (pli inguinal), et qui a enchaîné les pépins (opération des amygdales et de la cloison nasale).

SARAH SJÖSTRÖM DOUBLE LA MISE : 100 PAPILLON ET 50 LIBRE

Aussi dominatrice, mais de façon différente, Sarah SJOESTROEM s’est trouvée privée d’adversaires sur 100 papillon. Sans approcher son record du monde (55s48) et en restant un peu en-dessous de son record des championnats d’Europe (55s89 à Londres), la grande Suédoise a produit un temps de 56s13 qui laissa sa seconde, la Russe Svetlana CHIMROVA, 57s30, à trois quarts de longueur. Deux Italiennes suivaient, Elena DI LIDDO, 57s58, qui montait sur le podium, et Ilaria BIANCHI, 57s62. SJOESTROEM s’est détachée assez tôt, est passée en 25s92. Mais elle s’est peut-être involontairement retenue. Une heure et cinq minutes plus tard, elle devait disputer sa deuxième finale de la soirée, sur 50 libre, contre la championne olympique danoise Pernilla BLUME qui affichait une forme étincelante.

Sur la longueur de bassin, elle l’emporte une seconde fois, laissant BLUME à… un centième : 23s74 contre 23s75. Il s’en est fallu de peu que la Danoise ne la surprenne à nouveau, et, pour s’imposer, Sarah a dû frôler de sept centièmes son record du monde, établi à 23s67, en demi-finale des mondiaux de Budapest le 29 juillet dernier. BLUME, deux ans après son titre olympique surprise de Rio, ne cesse de progresser. Elle avait, en 24s00, fini 4e de la finale de Budapest, derrière Sarah, 23s69, Ranomi KROMOWIDJOJO, 23s85 et Simone MANUEL, 23s97. BLUME a aussi bien progressé sur cent mètres. Cette fois, KROMOWIDJOJO est en moins bonne forme, qui signe un temps de 24s21. Anecdote : la présence dans cette finale de Ruta MEILUTYTE, la championne olympique du 100 brasse des Jeux de Londres, qualifiée en 25s04…

Pendant ces journées, les Français n’ont pas chômé, sans atteindre les succès de Fantine ou du relais quatre fois 100. Nos représentants du 100 et du 400 messieurs ont souvent vu ce qui les séparait du top actuel. Et le Marseillais Mehdy METELLA a assuré avec panache sa qualification dans la course étalon du programme, deuxième temps, 48s31 derrière le géant italien Alessandro MIRESSI, 2,02m et 48s11, qui le devance dans sa demi-finale. Jeremy STRAVIUS, lui, jongle dans un programme compliqué avec les 50 mètres dans lesquels il s’est engagé. Dans l’ensemble, chacun fait plus ou moins ce qu’on attendait de lui (ou d’elle), mais tous ne se situent pas assez haut pour parvenir en finales. J’avais lors de la parution des critères de sélection remarqué leur relative indulgence. Ce qui est quand même rassurant, c’est que même s’ils n’ont pas très bien produit, celles et ceux qui ont profité de cette mansuétude des minima n’ont pas nui aux performances des meilleurs. Pourvu que ça dure.

La soirée de samedi s’est achevée sur le quatre fois 200 mètres mixte, nouvelle élucubration des inventifs dirigeants internationaux dont s’affuble notre malheureux sport.

Les compétitions mixtes ne riment à rien sinon à alourdir encore plus le programme sous le prétexte faussement moderne de respecter les normes du « genre », cette nouvelle névrose collective de l’Occident. Quand la natation savait se gouverner, tout ajout au programme pouvait se justifier par une pratique généralisée ou suffisamment développée, ainsi les courses de « quatre nages » qui s’étaient imposées par la pratique et justifiées parce qu’elles mettaient en lumière des nageurs complets techniquement. La plupart des ajouts récents, ainsi les 800 messieurs et les 1500 dames, sont redondants – au point d’ailleurs où, aux Etats-Unis, les engagements dans une course peuvent se faire d’après des résultats dans l’autre, par exemple tel nageur de 1500 est engagé avec un temps obtenu sur 800 ! Le quatre fois 200 mixte assemble des relayeurs engagés séparément dans les deux sexes sans rien apporter d’original et alourdit le programme sans ajouter à l’apport des quatre fois 200 messieurs et dames. J’ai des amis qui, parlant de ça, lèvent les yeux au ciel et évoquent l’air du temps. Moi je me dis qu’il n’y a pas que la plastique qui pollue…

…J’ai (re-)visionné (quatre fois, pour faire bonne mesure) la course du 400 quatre nages féminin, avec les commentaires italiens. Quatre fois, c’est un minimum, si j’en crois les indications de Romain Barnier qui les regardait dix fois s’il le fallait… D’ailleurs, je ne m’interdirai pas de la revoir encore…

…La première, je ne cessai selon les différentes caméras utilisées de perdre les lignes d’eau des nageuses. Les fois suivantes, j’ai réussi à bien suivre les nageuses qui m’intéressaient. Ce qui me frappe, au bout de tout cela, c’est le professionnalisme et la sobriété de notre championne d’Europe, sobriété de sa prestation sur la plage avant le départ, sobriété et intériorisation des émotions pourtant tellement fortes après la victoire. Et dans l’eau, du joli travail dans une situation de combat extrêmement serré, sans jamais avoir l’air de s’affoler ou de perdre les commandes de son effort. Bien entendu, cette façon d’imposer sa brasse même à une spécialiste comme la Britannique qui finira 3e, mais aussi de contrôler chaque parcours technique en « enlevant » les derniers mètres (ainsi en brasse et en crawl, où, à la bagarre avec l’Italienne Cusinato, elle semble littéralement décoller dans les derniers mètres). Et je me suis repassé les commentaires italiens où Fantine Lesaffre est qualifiée de « magnifica » et autres gentillesses… Elle devrait enregistrer tout ça et se le repasser les jours où elle n’y croit plus trop !!

MESSIEURS.- 4 fois 100 mètres: 1. RUSSIE, 3’12s23 ; 2. ITALIE, 3’12s90 ; 3. POLOGNE, 3’14s20 ; 4. HONGRIE, 3’14s51 ; 5. GRECE, 3’14s52 ; 6. PAYS-BAS, 3’14s60.

Six nageurs font moins de 49 secondes au start : Nandor NEMETH, Hongrie, et Damian WIERLING, Allemagne, 48s61, Evgeny RYLOV, Russie, 48s62, Luca DOTTO, Italie, 48s63, Jan SWITKOWSKI, Pologne, 48s68, et Nyls Jan KORSTANJE, Pays-Bas, 48s87. Les Russes ne se détachent (pas trop d’ailleurs) que dans le troisième relais, que Vladimir MOROZOV exécute en 47s61. Klement KOLESNIKOV achève leur triomphe en 47s39. Les Italiens, pour leur part, enlèvent l’argent grâce au parcours remarquable d’Alessandro MIRESSI, 46s99, qui lui fait gagner deux places. Le seul autre parcours lancé en moins de 48 secondes est signé Kristian GKOLOMEEV, Grèce, 47s51. Ni le record du monde (USA, 3’8s24), ni le record d’Europe (France, 3’8s32), tous deux établis en finale olympique de Pékin, en 2008, ni même le record des championnats d’Europe, 3’11s64 par la France à Berlin en 2014, ne sont battus.

50 dos : 1. Kliment KOLESNIKOV, Russie, 24s00 (record du monde ; ancien, 24s04 par Liam TANCOCK, GBR en 2009) ; 2. Robert-Andrei GLINTA, Roumanie, 24s55 ; 3. Shane RYAN, Irlande, 24s64 ; 4. Vladimir MOROZOV, Russie, 24s69 ; 5. Jeremy STRAVIUS, France, 24s83

100 brasse : 1. Adam PEATY, GBR, 57s00 (record du monde et d’Europe, ancien par lui-même, 57s13 en 2016 à Rio de Janeiro) ; 2. James WILBY, GBR, 58s54 ; 3. Anton CHUPKOV, Russie, 58s96 ; 4. Kiril PRIGODA, Russie, 59s10 ; 5. Fabio SCOZZOLI, Italie, 59s10 ; 6. Andrius SIDLAUSKAS, Lituanie, 59s52 ; 7. Arno KAMMINGA, Pays-Bas, 59s59.

DAMES.- 50 libre : 1. Sarah SJÖSTRÖM, Suède, 23s74 ; 2. Pernille BLUME, Danemark, 23s75 ; 3. Ranomi KROMOWIDJOJO, Pays-Bas, 24s21; 4. Maria KAMENEVA, Russie, 24s40.

800 mètres : 1. Simona QUADARELLA, Italie, 8’16s35 ; 2. Ajna KESELY, Hongrie, 8’21s91 ; 3. Anna EGOROVA, Russie, 8’24s61 ; 4. Sarah KOEHLER, Allemagne, 8’25s81 ; 6. Boglarka KAPAS, Hongrie, 8’26s32.

Passages de QUADARELLA, 1’0s14 ; 2’2s69 ; 3’5s83 ; 4’8s53; 5’10s68; 6’12s94; 7’15s63; derniers 50 mètres en 29s48.

100 papillon : 1. Sarah SJÖSTRÖM, Suède, 56s13 ; 2. Svetlana CHIMROVA, Russie, 57s30; 3. Elena DI LIDDO, Italie, 57s58; 4. Ilaria BIANCHI, Italie, 57s62; 5. Anna NTOUNTOUNAKI, Grèce, 57s67 ; 6. Louise HANSON, Suède, 57s89.

MIXTE.- 4 fois 200 mètres : 1. Allemagne, 7’28s43 ; 2. Russie, 7’29s37 ; 3. Grande-Bretagne, 7’29s72.

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About Eric Lahmy

Eric Lahmy

Né à Tunis en Tunisie le 1er juin 1944, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Nageur, il a été champion de Tunisie du 200 mètres brasse en 1964. Il a ensuite été journaliste à L’Equipe entre 1969 et 2011, il a effectué de multiples collaborations, dont …

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