Cate Campbell 51s00 lancée, l’Australie bat le record mondial du 4 fois 100 mètres

Eric Lahmy
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April 08th, 2018 Français

Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.

CATE CAMPBELL, DÉCHAÎNEE, 51s00 LANCÉE, ET L’AUSTRALIE BAT LE RECORD MONDIAL DU 4 FOIS 100 MÈTRES

Jeudi 3 Avril 2018

Les Australiennes ont frappé un grand coup, dans la première journée de natation des Commonwealth Games, à Gold Coast. Elles ont touché et coulé le record du monde du relais quatre fois 100 mètres, qu’elles avaient amené, le 6 août 2016, en finale des Jeux olympiques de Rio, à 3’30s65. Cette fois, l’addition des temps du quatuor de service donne 3’30s05. Le record a été battu essentiellement grâce un de ces parcours phénomènes qu’une « énorme » Cate Campbell réalisa, lancée comme dernière relayeuse, en 51s00. Auparavant, ses consoeurs avaient, au plan chronométrique, fait le minimum, à l’exception de la petite sœur, Bronte Campbell, 52s03, et se retrouvaient un peu ou beaucoup en-dessous de leurs prestations habituelles : Shayna Jack qui partait, 54s03 (contre 53s75 au départ du relais des mondiaux de Budapest), et Emma McKeon, probablement secouée par ses efforts du 200 mètres, plus tôt dans l’après-midi, 52s99 contre 52s29 à Budapest.

Les Canadiennes enlevaient l’argent en 3’33s92, pratiquement le même temps qu’aux mondiaux (3’33s88) et confirmaient la forme de Taylor Ruck, 51s82 lancée et l’incroyable méforme de Penny Oleksiak, 54s33, elle aussi lancée – une Oleksiak (également 7e du 200 en 1’59s55) qui ne parait pas s’être remise de son titre olympique du 100 mètres de Rio !

JAMES GUY JOUE ET PERD : MACKENZIE HORTON RESTE LE PATRON DU 400

Sur 400 mètres messieurs, il se chuchotait que James Guy (Angleterre) était décidé à frapper un grand coup, et qu’à 22 ans, il ne convenait plus de se contenter des places d’honneur. C’est pour cette raison qu’il n’a attendu personne pour lancer la course.

25s65 au virage des 50 mètres, 53s05 aux 100 mètres, 1’21s21 aux 150, 1’49s88 aux 200, c’était assez, à condition de tenir, pour approcher le record du monde (3’40s07).

Mais il ne finissait pas, et après 53s05 et 56s83, il nageait le troisième quart de son parcours en 57s54 et finissait clopin-clopant en 57s90. Cela eut été suffisant si Mack Horton, le champion olympique et vice-champion du monde australien, ici son principal adversaire, avait été usé par l’allure, mais il n’en fut rien. Horton avait laissé Guy partir et son compatriote australien Jack McLoughlin, jusqu’ici plutôt répertorié sur 1500 mètres, essayer de suivre l’anglais (en 53s58 et 1’50s23). Horton rejoignait Guy aux 350 et l’assaisonnait d’une dernière longueur en 27s82, guère mirobolante, mais suffisante pour lui faire lâcher prise.

Les passages d’Horton témoignaient d’une course bien menée et équilibrée, tandis que le volontarisme de James Guy, finalement payé de bronze, ne devait pas répondre à ses ambitions ! Guy retrouvait sa 3e place des Jeux du Commonwealth 2014, à Glasgow, où, en 3’44s58, il avait été devancé par le Canadien Ryan Cochrane et l’Australien David McKeon.

AIMÉE WILLMOTT ENFIN DEVANCE HANNAH MILEY

L’après-midi des finales démarrait sur un duel serré, du début à la fin du 400 quatre nages entre Aimée Willmott et Hannah Miley, assez proches de valeur dans toutes les nages. C’est la suite d’une longue empoignade entre ces deux ondines qui, ici, sont l’une anglaise l’autre écossaise, mais, en-dehors des Jeux du Commonwealth, font partie de l’équipe britannique. On peut se demander de quelle revanche il s’agit pour Willmott, tant les deux filles se sont affrontées et, généralement, c’est Miley qui a fini devant, mais on peut choisir les Jeux du Commonwealth 2014, à Glasgow, où Miley, en super-forme, l’emportait en 4’31s76 contre 4’33s01 à Willmott. A part cela, elles offrent des points communs, des similitudes, Miley petite, 1,66m, Willmott normalement grande, 1,72m, leurs pères étant tous deux des entraîneurs… On peut mesurer le sentiment de Willmott, après tous ces « échecs », après sa victoire. Cri du cœur « tweeté » ainsi : “It feels so surreal… I can’t believe I finally got my hands on one of these!“

POUR AIMÉE, C’EST OUI, POUR EMMA, C’EST NON

Le temps final du vainqueur restait inférieur aux 3’41s55 qui lui avaient donné le titre olympique à Rio en 2016 et comparable à celui des championnats du monde 2017, à Budapest (2e en 3’43s85).

De façon parallèle à l’erreur de train de James Guy, l’Australienne Emma McKeon, qui a tout d’une grande batailleuse devant l’Eternel, décida elle aussi de prendre d’assaut le 200 mètres libre dames. On ne sait trop s’il s’agissait d’une stratégie concertée ou d’une sorte de va-tout, face à deux nageuses plus jeunes qu’elle et présumées plus fortes. Techniquement, la difficulté pour Emma était d’être opposée à une endurante comme Ariarne Titmus ET à une formidable nageuse fort atypique capable de sprinter comme de tenir des efforts prolongés, lesquels (-les) représentent (à mes yeux) les plus terrifiants défis en ce que dans leur cotte de maille de nageur (-euse) on n’arrive pas à trouver la faille. J’imagine que John Weissmuller était taillé dans ce bois, et Mark Spitz faisait partie de cette engeance. Les années 2000 ont représenté un âge d’or des courses aquatiques parce que trois torpilles de cette espèce se trouvaient en même temps dans l’eau, qui s’appelaient Van Den Hoogenband, Thorpe et Phelps. Tracy Caulkins donnait comme ça l’impression d’être assistée d’un petit moteur, et tout laisse croire que Taylor Ruck, en forme, appartient à cette famille.

McKeon eut comme Guy le mérité d’essayer, et de mener comme si elle cherchait à rejoindre le record du monde polyuréthane de Federica Pellegrini. Malgré tous ses efforts, il fut clair qu’elle décramponnerait pas Ruck. Les cinquante derniers mètres appartiendraient à la moins fatiguée, et contre les calculs de McKeon, ce fut elle qui n’en put mais. Ruck passa, et Titmus aussi, qui faillit même tromper la vigilance de la Canadienne.

WILBY : LA PRUDENCE RÉCOMPENSÉE

Il est remarquable que l’esprit d’entreprise, voire d’aventure, illustré par James Guy et Emma McKeon, ait perduré toute cette après-midi en continuant à être aussi mal payé. Et combien les courses sages furent récompensées. Le 200 brasse messieurs en fut une nouvelle application. Le vainqueur finale, l’Anglais James Wilby, se contentait d’une modeste sixième place à mi-parcours, alors que l’Ecossais Ross Murdoch, en 1’1s46, et Matthew Wilson, Australie, 1’1s48, se disputaient la tête de l’épreuve. Dans la dernier longueur, il récupérait une seconde et demie sur Murdoch, pour le coiffer sur le mur. Wilby est, si l’on ose dire, un second couteau dans la brasse britannique et son exploit, jusqu’ici, était d’avoir fini 17e des championnats du monde de Budapest. Il prouve là qu’il peut mieux faire et qu’il a pu faire preuve tout à la fois, en une seule fois, du flegme et du finish britannique. Wonderful, n’est-il pas vrai ?

MESSIEURS.-

400 mètres: 1. Mackenzie Horton, AUS, 3’43s76 ; 2. Jack McLoughlin, AUS,

3’45s21 ; 3. James Guy, ENG, 3’45s32.

Horton,  26s38, 54s68 (28s30), 1’22s96 (28s28), 1’51s08 (28s12), 2’19s16 (28s08), 2’47s62 (28s46), 3’15s94 (28s32), 3’43s76.

200 m brasse: 1. Andrew Wilby, ENG, 2’8s05; 2. Ross Murdoch, SCO, 2’8s32; 3. Matt Wilson, AUS, 2’8s64; 4. Andrew Willis, ENG, 2’9s31; 5. George Harley, AUS, 2’10s04; 6. Craig Benson, SCO, 2’10s09.

DAMES.-

200 mètres : 1. Taylor Ruck, CAN, 1’54s81; 2. Ariarne Titmus, AUS, 1’54s85; 3. Emma McKeon, AUS, 1’56s26; 4. Eleanor Faulkner, ENG, 1’57s72.

Passages de Ruck, 26s68, 56s04 (29s36), 1’25s67 (29s63), 1’54s81 (29s14).

Passages de Titmus, 27s14, 56s50 (29s36), 1’26s03 (29s53), 1’54s85 (28s88).

Passages de McKeon, 26s45, 55s80 (29s35), 1’25s85 (30s05), 1’56s26 (30s41).

400 m 4 nages : 1. Aimée Willmott, ENG, 4’34s90 (1’3s55, 2’14s32, 3’31s81, soit 1’3s55, 1’10s77, 1’17s49, 1’3s09); 2. Hannah Miley, SCO, 4’35s16 (1’3s25, 2’14s89, 3’31s99, soit 1’3s25, 1’11s64, 1’17s10, 1’3s17).

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About Eric Lahmy

Eric Lahmy

Né à Tunis en Tunisie le 1er juin 1944, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Nageur, il a été champion de Tunisie du 200 mètres brasse en 1964. Il a ensuite été journaliste à L’Equipe entre 1969 et 2011, il a effectué de multiples collaborations, dont …

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