NCAA Messieurs 2018 jour 2 : Dressel, 17s63 sur 50 yards, rejoint la ligue des phénomènes

Eric Lahmy
by Eric Lahmy 0

March 23rd, 2018 Français

Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.

Vendredi 23 Mars 2018

NCAA MESSIEURS 2018 (3): DRESSEL 17s63 SUR 50 YARDS, REJOINT LA LIGUE DES PHENOMENES, WEISSMULLER, SPITZ, LOCHTE, THORPE ET AUTRES PHELPS…

Vous le savez sans doute aussi bien que moi, Caeleb Dressel a encore frappé hier après-midi (la nuit dernière heure française) et fait passer son record des 50 yards de l’autre côté des dix-huit secondes. Nous l’avions laissé hier alors qu’il venait de faire passer le dit record de 18s20 à 18s11. On songeait voir un chef d’œuvre, mais ce n’était qu’un hors d’œuvre, une « mise en bouche ». Caeleb nageait 17s81, et 17s63!

Plus précisément, Dressel, dans les séries du relais quatre fois 50 yards, avait nagé 17s96 lancé. Puis dans les séries de la course individuelle, 18s11, premier record. Peu après, dans les séries des 4 fois 100 quatre nages, il terminait en crawl et en 40s27 lancé. En finale du relais quatre fois 50 yards, le soir, à 18h7, il passait sous les 18 secondes avec 17s81. A 19 heures précises, il enlevait la course individuelle en 17s63. Enfin, dans le relais de quatre nages, utilisé cette fois en brasse, il nageait en 50s62, et ramenait son équipe de Floride de la 16e place ex-aequo où la situait le parcours initial en dos de Bailey Main en 46s41, à la 5e, où ses équipiers en papillon et en crawl allaient la maintenir finalement…

Ces perturbations des records montraient de la part de Caeleb Dressel un joyeux et tonique manque de respect vis-à-vis de l’histoire du sprint, où les progrès sont considérés voire admirés quand ils se comptent en centièmes de seconde et se voient à la loupe.

Là c’est 48/100e, une demi-seconde, de gagnés, ce qui est beaucoup sur une distance aussi rétrécie, et évoque un peu ce qu’Usain Bolt a réalisé dans un passé proche en course à pied sur 100 mètres ou 200 mètres plat : une sorte de révolution.

Pour SwimSwam, Coleman Hodges notait hier soir devant ce fait, ce coup double qui consistait à marquer l’histoire de ce sport en « passant sous les 18 secondes non pas une mais deux fois, que cela cimentait l’idée que se faisaient les fans de natation depuis au moins les finales NCAA en 2017, que Dressel était un talent générationnel unique et le plus grand nageur en yards de l’histoire. »

Laisser son second à plus d’une seconde dans une finale de NCAA réunissant tous les meilleurs sprinteurs universitaires, bien entendu, est assez étonnant, quoique cela pose une double question : Dressel est-il tellement supérieur ou bien est-ce que ce sont ses suivants qui sont un peu faiblards.

La réponse n’est pas simple, même si la « grandeur » de Caeleb ne laisse, de son côté, aucun doute… Mais Ryan Held, le deuxième de la finale à 18s64, effectue l’une des courses les plus rapides de l’histoire… Rappelons également qu’Ervin, champion olympique des 50 mètres en 2000 et seize ans plus tard devant Manaudou n’a jamais battu les 19 secondes…

Il est aussi frappant de noter qu’à travers l’ensemble séries-finales de ces 50 yards, la distance qui séparait Dressel d’Held, 1s01, équivalait à celle qui séparait Held de l’auteur du 40e temps enregistré dans cette journée, 19s64, Jack Smith, de l’Iowa !

Si tout le monde se concentrait sur l’idée que Dressel pourrait casser le « mur » chronométrique des 40 secondes aux 100 yards, personne n’aurait imaginé qu’il pourrait nager si vite sur la demi-distance. Ce qui parait sûr désormais, c’est qu’il pourra utiliser ce gros surcroit de vitesse pour parvenir à ses fins sur les 91,44m…

Si vous avez vu cette course en vidéo, vous noterez le vaste ascendant de Dressel sur ses adversaires dans tous les compartiments. S’il parait être avec tout le monde dans sa coulée de départ, le passage de la coulée sous-marine à la nage est l’occasion d’une surprenante supériorité (qui nous rappelle ce que pouvait faire Diane Buy-Duyet, particulièrement impressionnante dans ce secteur). Dressel, comme Buy-Duyet, opère un jaillissement vers l’avant au moment d’émerger, et accélère là où personne d’autre ne sait accélérer. Aussi remarquable, son virage, mais également la trajectoire de son retour aérien à l’« attaque » de bras, qui va chercher l’eau très loin devant.

Je vous recommande aussi la vidéo où Ryan Murphy, le double champion olympique de dos, décrypte Dressel, décrit de façon assez amusante sa conformation physique « d’un trait; l’homme n’a pas de fesses, pas de sinuosités, rien où l’eau peut le freiner » ce qui, toujours selon Murphy, lui permet de trouver facilement le mouvement le plus efficient, alors que lui, Murphy, doit sans cesse se contorsionner pour effectuer le mouvement propulsif et la position la moins freinatrice.

Murphy explique aussi que Dressel combine les éléments de deux différents départs qu’il utilise très bien.

Ce document, publié par le site Flo Swimming, « Why is Dressel so fast ? w/ Ryan Murphy se trouve sur You Tube :

Dressel a emmené une équipe de Floride particulièrement inspirée, qui a gagné un relais, le quatre fois 50 mètres, grâce à l’avance initiale que ses 17s81 leur ont donnée. Derrière, les sprinteurs de North Carolina State et de California se sont échinés en vain, finalement battus de 11 et de 17/100e, les 200 yard quatre nages, où Jan Switkowski, vainqueur en 1’39s54, et, 3e en 1’40s27, remplaçaient avec talent l’absence de… Caeleb Dressel, vainqueur l’an passé Mark Szaranek et détenteur du record de la distance, 1’38s13.

Mais le système de points qui préside aux NCAA et attribue des points aux 16 premiers autant en individuel qu’en relais (doubles points pour les relais) n’a pas permis aux Floridiens de mener, comme on aurait pu penser que les exploits de son leader leur auraient permis.

Au plan des équipes, la nouvelle, c’est que Texas aura du mal à l’emporter comme son équipe le fit ces trois dernières éditions. Seul Texan à s’imposer, sur 500 yards, Townley Haas a ajouté à sa 2e place sur 200 une victoire en 4’8s60, tout près du record NCAA, 4’8s42, de Clark Smith, et assez proche du record américain établi en novembre dernier par Zane Grothe, 4’7s25.

Dans le relais quatre nages, Indiana l’a emporté en 3’1s07 devant North Carolina, 3’1s76 et USC, 3’1s83. Les meilleurs nageurs style par style ont été : en dos, Coleman Stewart, NC State, 44s74, devant Javier Acevedo, Georgia, 44s90 ; en brasse, Ian Finnerty, Indiana, 50s33, devant Caeleb Dressel, Florida, 50s62 ; en papillon, Ryan Held, North Carolina, 43s88, devant Jan Switkowski, Florida, 44s11, et Joseph Schooling, Texas, 44s33 ; en libre, Blake Pieroni, Indiana, 40s62, devant Justin Ress, North Carolina, 40s82, et Robert Howard, Alabama, également 40s82.

Par équipes, un « match à cinq » se dessine, entre Indiana, 169 points, North Carolina State, 165 pts, Texas, 159pts, Florida, 154pts et California, 152,5pts.

In This Story

0
Leave a Reply

Subscribe
Notify of

0 Comments
newest
oldest most voted
Inline Feedbacks
View all comments

About Eric Lahmy

Eric Lahmy

Né à Tunis en Tunisie le 1er juin 1944, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Nageur, il a été champion de Tunisie du 200 mètres brasse en 1964. Il a ensuite été journaliste à L’Equipe entre 1969 et 2011, il a effectué de multiples collaborations, dont …

Read More »