Berlin après Moscou : Katinka Hosszu dame le pion à Sarah Sjöström : un à un ?

Eric Lahmy
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August 12th, 2017 Français

Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.

Katinka HOSSZU, à Berlin, les 7 et 8 Août, a-t-elle un peu mieux joué que Sarah SJÖSTRÖM, dans le cadre de sa Coupe du monde ? C’est possible. Après avoir subi le feu de la Suédoise, à Moscou, la Hongroise a assez judicieusement choisi ses courses, et gagné toutes les quatre. SJÖSTRÖM s’est trouvée moins chanceuse.

Si l’on tient compte de ce qu’on croit savoir de son tempérament, Katinka ne s’est pas contentée de cela, et a essayé de battre un ou deux records du monde, afin de redresser la situation (étant menée aux points très largement par la Scandinave). En vain. Sur 400 mètres quatre nages, il s’en est fallu de peu, HOSSZU nageant la distance en 4’19s82, très près des 4’19s46 qu’elle avait signés, le 2 décembre 2015 à Netanya, en championnats du monde petit bassin. Le volontarisme de la Magyare est souligné par le formidable effort consenti d’entrée de jeu. Elle était chronométrée, à Berlin, dans les temps de 58s70 dans le parcours de papillon (contre 59s19 lors de son record), 2’2s82 après le dos (contre 2’4s32 à Netanya). Mais ensuite les choses se brouillèrent, la fatigue jouant en sa défaveur lors de la brasse, à l’issue de laquelle elle passait en 3’19s60 (contre 3’19s75 en 2015). Elle disposait dès lors d’une très faible avance, désormais, sur le record, avance qu’elle ne put maintenir. Il y a deux ans, HOSSZU avait terminé en 59s71, ici elle ne put faire mieux que 1’0s22. Un temps plus que méritoire, mais peut-être Katinka avait-elle commis une certaine erreur de train ? L’Espagnole Mireia BELMONTE, qui signait un beau 4’22s55 derrière elle, lui reprenait 1s26 dans le parcours de crawl.

Et SJÖSTRÖM ? Celleci trouva, sur 50 mètres, en Ranomi KROMOWIDJOJO, une adversaire (et donc, ce qu’on appelle en termes de stratégie militaire, une « alliée objective » d’HOSSZU). KROMOWIDJOJO se permit en effet le luxe de battre la Suédoise sur 50 libre.

Autre adversaire « objectif » de SJÖSTRÖM, le règlement clownesque concocté par la FINA qui la contraignait à passer par les séries de ce 50 mètres alors qu’en raison de son statut sur la distance, KROMOWIDJOJO atteignait directement la finale. SJÖSTRÖM, dès les séries, nageait fort vite, en 23s22, soit en une seconde et seize centièmes plus vite que la dernière qualifiée pour la finale, et à seulement 12 centièmes de son record mondial.

C’est là que KROMOWIDJOJO l’attendait et lui infligea une défaite un peu inattendue. On sait que la Néerlandaise championne olympique du 50 mètres en 2012 et toujours redoutable compétitrice, pouvait menacer à peu près n’importe qui sur l’aller retour d’un bassin de 25 mètres, mais de là à faire plier Sarah ! Celle-ci ne se laissa guère faire, qui battait son record personnel et mondial. Mais cela ne suffit guère. SJÖSTRÖM signait un temps de 23s00, et la Néerlandaise la devançait en 22s93.

SJÖSTRÖM, sur 200 mètres, battait la championne du monde italienne Federica PELLEGRINI et peut-être cette victoire, qui exigeait un peu plus d’endurance, pouvait expliquer son insuccès sur 50, ce qui est gagné en termes de résistance se perdant presque toujours en termes de « vitesse pure. » Mais SJÖSTRÖM commit sans doute une petite erreur en préférant aller chatouiller HOSSZU sur 100 mètres quatre nages plutôt que d’assurer une victoire presque certaine sur 100 papillon. Plantage stratégique, car non seulement HOSSZU la devança sur 100 quatre nages, mais elle gagna également la course de papillon où le choix de la Suédoise lui avait laissé le champ libre !

SJÖSTRÖM obtint une victoire sur KROMOWIDJOJO sur 50 mètres papillon, en revanche…

Le meeting de Berlin donna lieu à d’autres solides performances, tel un 45s23 au 100 libre par le Russe MOROZOV. Quelques doublés furent enregistrés, ainsi par le Polonais KAWECKI (100 et 200 dos), Chad LE CLOS (50 et 200 papillon), l’Allemand HEINTZ sur 200 et 400 quatre nages, et, côté filles, dans le faible espace que ne ravagèrent pas SJÖSTRÖM et HOSSZU, par la Jamaicaine Alia ATKINSON en brasse. HOSSZU réussissait, soit dit en passant, une victoire marquante, en dos, sur Emily SEEBOHM, en 2’0s37, après un temps en séries de 2’0s18 (autre tentative manquée de peu de record mondial).

Au bout du compte, malgré le talent des nageurs (et, de vous à moi, plus encore des nageuses), la Coupe du monde FINA a atteint un nouveau zénith en termes d’idiotie, avec son été en petit bassin, avec ses séries privées des nageurs d’élite, lesquels se retrouvent en finales directe, ce qui est le genre de triche organisée par le règlement, avec aussi, désormais, ses programmes tronqués.

Ce dernier point est un régal. A force de se vouloir aussi grosse que je ne sais quel boeuf, la grenouille FINA s’est trouvée avec une Coupe du monde rendue insipide par son fichu programme aberrant, sorte de non sens bourré d’épreuves qui se cannibalisent l’une l’autre et dont on ne sait plus trop bien à la fin à quoi elles correspondent, sauf à permettre à une athlète infatigable comme Katinka HOSSZU de chaluter les compétitions à son seul avantage.

Au lieu de réparer cette boursouflure par un amincissement général, et d’admettre que le programme de la FINA ressemble de plus en plus à un œdème, ce qu’on ne peut pas faire, au risque de se déjuger, on opère à coups de ciseaux conjoncturels : dans telle réunion, on enlève telles épreuves, dans telle autre d’autres. Bien entendu, on se demande pourquoi soigner un non sens par un autre non sens, mais c’est comme ça. La FINA a ficelé un noeud gordien dont elle ne sait pas comment se défaire…

MESSIEURS.- 100 libre : 1. Vladimir MOROZOV, RUS, 45s23 ; 2. Chad LE CLOS, RSA, 45s78; 3. Kacper MAJCHRZAC, POL, 46s19; 4. Dominik KOZMA, HUN, 46s50; 5. Tom SHIELDS, USA, 46s58; 6. Konrad CZERNIAK, POL, 47s02; 7. Kyle STOLK, NED, 47s13

200 libre : 1. Dominik KOSMA, HUN, 1’41s03; 2. Kacper MAJCHRZAC, POL, 1’41s62; 3. Chad LE CLOS, RSA, 1’41s67; 4. Danas RAPSYS, LTU, 1’42s23; 4. Aleksandr KRASNYKH, RUS, 1’42s46; 5. Kyle STOLK, NED, 1’42s81; 6. Clyde LEWIS, AUS, 1’43s52.

1500 libre : 1. Gabriele DETTI, ITA, 14’18s33; 2. Henrik CHRISTIANSEN, NOR, 14’21s53; 3. Wojciech WOJDAK, POL, 14’30s57; 4. Florian WELLBROCK, GER, 14’33s25; 5. Ruwen STRAUB, CLB, 14’39s38; 6. Ilia DRUZHININ, RUS, 14’54s15.

100 dos : 1. Radoslaw KAWECKI, POL, 49s97; 2. Masaki KANEKO, JPN, 50s29; 3. Pavel SANKOVICH, BLR, 50s70; 4. Grigory TARASEVICH, RUS, 50s75; 5. Mitchell LARKIN, AUS, 50s87; 6. Christian Erik DIENER, GER, 50s99; 7. Markus LIE, NOR, 51s02; 8. Tomasz POLEWKA, POL, 51s18.

200 dos : 1. Radoslaw KAWECKI, POL, 1’48s20 ; 2. Masaki KANEKO, JPN, 1’49s11; 3. Christian Erik DIENER, GER, 1’49s30; 4. Danas RAPSYS, LTU, 1’49s64.

50 brasse : 1. Cameron VAN DER BURGH, RSA, 25s49; 2. Fabio SCOZZOLI, ITA, 25s77; 3. Kirill PRIGODA, RUS, 25s86; 4. Ilya SHYMANOVICH, BLR, 26s09; 5. Renato PRONO, ITA, 26s23.

100 brasse : 1. Kirill PRIGODA, RUS, 56s35; 2. Cameron VAN DER BURGH, RSA, 56s38; 3. Ilya SHYMANOVICH, BLR, 56s57; 4. Fabio SCOZZOLI, ITA, 56s81; 5. Arno KAMMINGA, NED, 57s09; 6. Anton CHUPKOV, RUS, 57s43; 7. Fabian SCHWINGENSCHLÖGL, CLB, 57s57; 8. Basten CAERTS, BEL, 57s99.

50 papillon : 1. Chad LE CLOS, RSA, 22s32; 2. Yuhen TSURKIN, BLR, 22s49; 3. Adam BARRETT, GBR, 22s53; 4. Tom SHIELDS, USA, 22s67; 5. Deividas MARGEVICIUS, LTU, 22s70.

200 papillon : 1. Chad LE CLOS, RSA, 1’49s08; 2. Tom SHIELDS, USA, 1’49s26; 3. Masayuki UMEMOTO, JPN, 1’52s80; 4. Philip Marvin HEINTZ, GER, 1’53s15; 5. Masaki KANEKO, JPN, 1’53s53; 6. Jonathan GOMEZ, COL, 1’53s59; 7. Joeri VERLINDEN, NED, 1’54s31

200 4 nages : 1. Philip Marvin HEINTZ, GER, 1’52s64; 2. Kirill PRIGODA, RUS, 1’54s05; 3. Kenneth TO, HKG, 1’54s97; 4. Kyle STOLK, NED, 1’55s27 (en série, 1’54s33); 5. Clyde LEWIS, AUS, 1’55s30; 6. Masaki KANEKO, JPN, 1’55s37.

400 4 nages : 1. Philip Marvin HEINTZ, GER, 4’5s16; 2. Federico TURRINI, ITA, 4’5s73; 3. Ayrton SWEENEY, RSA, 4’6s72; 4. J. HEIDTMANN, GER, 4’7s20.

DAMES.- 50 libre: 1. Ranomi KROMOWIDJOJO, NED, 22s93 (record du monde; ancien, 23s10 par Sarah SJÖSTRÖM) ; 2. Sarah SJÖSTRÖM, SWE, 23s00 ; 3. 3. Cate CAMPBELL, AUS, 23s62; 4. Femke HEEMSKERK, NED, 23s93; 5. Tamara VAN VLIET, NED, 24s01; 6. Aleksandra URBANCZYK, POL, 24s31 (en série, 24s24); 7. Erika FERRAIOLI, ITA, 24s36; 8. Valerie VAN ROON, NED, 24s40 (en série, 24s38). En série, Kim BUSCH, NED, 24s41.

200 libre : 1. Sarah SJÖSTRÖM, SWE, 1’51s56; 2. Federica PELLEGRINI, ITA, 1’52s05; 3. Femke HEEMSKERK, NED, 1’52s23; 4. Mikkayla Paige SHERIDAN, AUS, 1’55s01; 5. Carla BUCHANAN, AUS, 1’55s08; 6. Robin NEUMANN, NED, 1’55s72 (en série, 1’55s56); 7. Blair EVANS, AUS, 1’56s48; 8. Marjolein DELNO, NED, 1’56s60.

400 libre : 1. Mireia BELMONTE, ESP, 3’57s79; 2. Sarah KOHLER, GER, 4’1s03; 3. Mikkayla Paige SHERIDAN, AUS, 4’3s90; 4. Kristel KOBRICH, CHI, 4’5s40; 5. Dahlas ROGER, AUS, 4’5s77.

50 dos : 1. Emily SEEBOHM, AUS, 26s15; 2. Kira TOUSSAINT, NED, 26s24; 3. Maalke DE WAARD, NED, 26s55 ; 4. Mimosa JALLOW, FIN, 26s56 ; 5. Ranomi KROMOWIDJOJO, NED, 26s64

200 dos : 1. Katinka HOSSZU, HUN, 2’0s37 (en série, 2’0s18); 2. Emily SEEBOHM, AUS, 2’0s65; 3. Nadine LAEMMLER, CLB, 2’5s41; 4. Kira TOUSSAINT, NED, 2’5s47.

100 brasse : 1. Alia ATKINSON, JAM, 1’3s16; 2. Jenna LAUKANEN, FIN, 1’4s56 ; 3. Fanny LECLUYSE, BEL, 1’5s81 ; 4. Arianna CASTILGLIONE, 1’5s84.

200 brasse : 1. Alia ATKINSON, JAM, 2’18s96; 2. Rikke PEDERSEN, DEN, 2’19s52; 3. Fanny LECLUYSE, BEL, 2’19s96.

50 papillon : 1. Sarah SJÖSTRÖM, SWE, 24s57 (en série, 24s52); 2. Ranomi KROMOWIDJOJO, NED, 24s95; 3. Maaike DE WAARD, NED, 25s24; 4. Aleksandra URBANCZYK, POL, 25s36; 5. Kimberly BUYS, BEL, 25s42.

100 papillon : 1. Katinka HOSSZU, HUN, 55s86 (en série, 55s52); 2. Ilaria BIANCHI, ITA, 56s42; 3. Kimberly BUYS, BEL, 56s44; 4. Ranomi KROMOWIDJOJO, NED, 56s97 (en série, 56s63); 5. Aliena SCHMIDTKE, GER, 57s33.

100 4 nages : 1. Katinka HOSSZU, HUN, 56s91; 2. Sarah SJÖSTRÖM, SWE, 57s30; 3. Alia ATKINSON, JAM, 58s12; 4. Jenna LAUKKANEN, FIN, 59s52.

400 4 nages : 1. Katinka HOSSZU, HUN, 4’19s82; 2. Mireia BELMONTE, ESP, 4’22s55; 3. Blair EVANS, AUS, 4’29s56.

 

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About Eric Lahmy

Eric Lahmy

Né à Tunis en Tunisie le 1er juin 1944, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Nageur, il a été champion de Tunisie du 200 mètres brasse en 1964. Il a ensuite été journaliste à L’Equipe entre 1969 et 2011, il a effectué de multiples collaborations, dont …

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