Ouragan sur les Fidji : les USA font leur razzia aux PanPacifics Junior

Eric Lahmy
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August 27th, 2018 Français

Championnats PanPacific Junior 2018

Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.

Dimanche 26 Août 2018

Les nageurs américains ont archi-dominé le match « pan pacifique » des jeunes, à Suva, dans les îles Fidji du 23 au 26 août.

Deux sœurs, Gretchen WALSH et Alex WALSH, 15 et 17 ans, ont remporté des victoires individuelles, la première sur 100 mètres libre, la seconde sur 200 quatre nages. Gretchen est un prototype de nageuse précoce, et améliore des records US de jeunes depuis quelque temps déjà. Elle a nagé 54s38 au 100 mètres à 15 ans, temps qui ne le cède, à 15-16 ans, qu’aux 53s63 de Missy FRANKLIN et aux 53s86 de Simone MANUEL.

Les frères Foster. Photo: Jim Foster

Coïncidence : la fille vient de Nashville, qui fut en 1978 la « Mecque » de la natation féminine mondiale, avec Tracy CAULKINS et Joan PENNINGTON en têtes de gondoles. Or, elle ressemble étrangement, physiquement, à ces ondines ultralégères qu’étaient CAULKINS, 1,73m, 53kg, et PENNINGTON, 1’75m, 50kg.

Une autre fratrie est montée sur le podium du 400 mètres quatre nages messieurs. Carson FOSTER, 16 ans, a devancé son frère aîné Jake FOSTER, 17 ans dans cette course qui délivre le titre officieux de nageur complet (et résistant).

Carson a également gagné le 200 quatre nages et le 200 dos, ce qui en fait le seul auteur de trois victoires à Fidji. Il a également participé au relais quatre fois 200 mètres libre vainqueur, réalisant un temps lancé de 1’49s68. A noter que les FOSTER ont une sœur aînée, Hannah, qui nage également…

Notables aussi, les deux succès sur deux distances reines, 100 et 200 libre, de Drew KIBLER, qu’on retrouve par ailleurs dans les trois relais masculins vainqueurs. Ross DANT gagne 400 et 800 mètres tandis que le Chinois CHENG Long tente de perpétuer la tradition chinoise sur 1500 mètres.

Parfois, cependant, dominer n’est pas facile. Phoebe BACON semblait bien partie pour enlever 100 et 200 dos féminin, mais elle laisse un peu aller en séries du 200, et se trouve reléguée en finale B, tandis que sa compatriote Isabelle STADDEN effectue un super-temps pour enlever la grande finale…

On retrouve ici les mêmes façons de dominer qui se reproduisent dans toutes les compétitions de natation. Regardez Lani PALLISTER. Il y a trois ans, Lani – qui est la fille de Janelle ELFORD, double finaliste olympique (400 et 800) à Séoul en 1988 –, aurait gagné le 400 et le 1500 et fini 2e du 200. Aujourd’hui, elle remporte également le 800. Une anecdote ? Sa mère avait fini 6e du 800 mètres olympiques, il y a trente ans, en 8’30s94. Et Lani 8’29s95 pour gagner les PanPacs juniors… Les Australiens la présentent déjà comme la rivale de Ariarne TITMUS.

Par principe, ces compétitions de « jeunes » comme ces PanPacifics juniors devraient être prises pour ce qu’elles sont avant tout : une attraction pour les jeunes talents, un moyen de rendre intéressantes leurs années de formation. Une façon aussi de se forger aux arcanes de la haute compétition avec ses rites et ses difficultés, d’apprendre à garder sa concentration dans une situation tendue, où la moindre faute menace de tourner au désastre, à la gestion de la fatigue née des déplacements.

Dans la natation de l’ère amateur, des rencontres internationales de jeunes n’auraient paru ni légitimes, ni viables. La haute compétition était dominée par le système américain, lequel se basait sur la double fondation de l’Université et du club. Le professionnalisme n’étant pas toléré, jusqu’à ce que le terme « amateur » disparaisse (en 1981) de la Charte olympique, le champion de natation type, une fois ses études universitaires achevées, généralement à vingt-deux ans, rangeait ses maillots de bain et entrait dans une autre compétition, celle de la vie active.

Quelques contre-exemples « surnageaient », si l’on ose. Deux Australiens exceptionnels, Murray ROSE et Dawn FRASER, qui battaient encore des records à 25 et 28 ans, un Russe, Georgy PROKOPENKO, recordman du monde à 27 ans, paraissaient extraordinairement vieux à l’époque ! Les Russes, les Allemands de l’Est, étaient dans un autre système, mais, par mimétisme, la natation restait pour l’essentiel un sport des moins de 22 ans…

Ce fonctionnement, aidé par certaines caractéristiques de ce sport, faisait de la natation – avec la gymnastique – le sport le plus jeune qui soit. C’était parmi les jeunes que se trouvaient les champions olympiques. Parler d’une natation de jeunes était sinon pléonastique, du moins redondant.

De ce fait, l’élite de la natation US, qui représentait une part très importante de l’élite mondiale, passait sans discontinuer des « age-groups » à la lutte pour la médaille olympique, et, selon la précocité des uns et des autres, de la médaille olympique à la retraite sportive.

Il ne faut pas prendre trop au pied de la lettre ces résultats, par rapport à un avenir. Je ne veux pas dire par là que ces compétitions ne sont pas sérieuses, tout au contraire. Mais que la « jeunesse » en natation est assez difficile à appréhender. Par exemple, les sexes ne sont pas à égalité au regard de la maturité, et une fille de seize est aussi mature qu’un garçon de dix-huit. Ensuite, à l’intérieur de chaque genre, le chemin qui conduit à l’état adulte n’est pas rigoureusement le même pour tous. Par ailleurs, il est plus difficile pour un jeune de sprinter… Enfin, tel jeune talentueux peut décider qu’il ne nagera pas sérieusement, ou encore qu’il nagera sérieusement seulement pour payer ses études, pendant que tel autre donnera la prééminence sur tout le reste à la natation.

Le monde de la natation est rempli de ces histoires de jeunes grandis très vite et donnant d’immenses espoirs mais qui ne progressaient plus par la suite. Il y a aussi ces « phénomènes » comme PHELPS, LEDECKY, FRANKLIN, MEILUTYTE ou aujourd’hui KOLESNIKOV ou MILAK qui, encore « cadets » ou « juniors », s’imposent au plus haut niveau (mondial, olympique) et ne le quittent plus.

MESSIEURS

  • 50 libre : 1. Ashton BRINKWORTH, 18 ans, Australie, 22s72 (en série, 22s68)
  • 100 libre : 1. Drew KIBLER, USA, 18 ans, 49s42
  • 200 libre : 1. Drew KIBLER, USA, 18 ans, 1’47s65
  • 400 libre : 1. Ross DANT, USA, 18 ans, 3’52s44; 2. Brendon SMITH, Australie, 18 ans, 3’52s67
  • 800 libre : 1. Ross DANT, USA, 18 ans, 8’0s51
  • 1500 libre : 1. CHENG Long, Chine, 18 ans, 15’24s55
  • 100 dos : 1. Destin LASCO, USA, 17 ans, 55s75 (en séries, 55s57). Finale B : Peter LARSON, USA, 17 ans, 55s55
  • 200 dos : 1. Carson FOSTER, USA, 16 ans, 1’59s10
  • 100 brasse : 1. Gabe MASTROMATTEO, Canada, 16 ans, 1’1s27
  • 200 brasse : 1. Daniel ROY, USA, 18 ans, 2’11s79; 2. A.J. POUCH, USA, 18 ans, 2’11s80 ; 3. Yamato FUKASAWA, Japon, 18 ans, 2’13s57
  • 100 papillon : 1. Gianluca URLANDO, USA, 16 ans, 52s40
  • 200 papillon : 1. Gianluca URLANDO, USA, 16 ans, 1’56s25 ; 2. Van MATHIAS, USA, 18 ans, 1’57s64 (en séries, 1’56s39)
  • 200 4 nages : 1. Carson FOSTER, USA, 16 ans, 1’59s86 ; 2. Gianluca ORLANDO, USA, 16 ans, 2’0s60
  • 400 4 nages : 1. Carson FOSTER, USA, 16 ans, 4’14s73 ; 2. Jake FOSTER, USA, 17 ans, 4’15s78
  • 4 fois 100 mètres : 1. USA, 3’19s44 ; 2. AUSTRALIE, 3’20s86 ; 3. JAPON, 3’21s32
  • 4 fois 200 mètres : 1. USA, 7’16s42 ; 2. JAPON, 7’21s40 (Taki Ayashi, 14 ans, 1’52s25 lancé) ; 3. AUSTRALIE, 7’26s57
  • 4 fois 100 4 nages : 1. USA, 3’39s04 (Peter Larson, 56s21 ; Daniel Roy, 1’1s57 ; Gianluca Orlando, 52s23; Drew Kibler, 49s03); 2. JAPON, 3’41s95; 3. CANADA, 3’42s05

DAMES

  • 50 libre : 1. Maxine PARKER, USA, 16 ans, 25s39
  • 100 libre : 1. Gretchen WALSH, USA, 15 ans, 54s47; 2. Lucie NORDMANN, USA, 18 ans, 54s74; 3. Elizabeth KING, Australie, 17 ans, 54s92
  • 200 libre : 1. Claire TUGGLE, USA,14 ans, 1’58s58 ; 2. Lani PALLISTER, Australie, 16 ans, 1’59s ; 3. Nagisa IKEMOTO, Japon, 16 ans, 1’59s02
  • 400 libre : 1. Lani PALLISTER, Australie, 16 ans, 4’7s76 ; 2. Claire TUGGLE, USA, 14 ans, 4’10s31
  • 800 libre : 1. Lani PALLISTER, Australie, 16 ans, 8’29s65 ; 2. Mariah DENIGAN, USA, 15ans, 8’30s01
  • 1500 libre : 1. Lani PALLISTER, Australie, 16 ans, 16’8s09
  • 100 dos : 1. Phoebe BACON, USA, 16 ans, 59s72; 2. Katharine BERKOFF, USA, 17 ans, 1’0s16; 3. Madison BROAD, Canada, 18 ans, 1’0s53. Finale B: 1. Alex WALSH, USA, 17 ans, 1’0s23; 2. Lucie NORDMANN, USA, 18 ans, 1’0s88 (en séries, 1’0s30)
  • 200 dos : 1. Isabelle STADDEN, USA, 16 ans, 2’9s52 (en séries, 2’8s81); 2. Madison BROAD, Canada, 18 ans, 2’10s73. Finale B: Phoebe BACON, USA, 16 ans, 2’10s65
  • 100 brasse : 1. Emily WEISS, USA, 17 ans, 1’7s55
  • 200 brasse : 1. Shiori ASABA, Japon, 18 ans, 2’27s48 ; 2. Ella NELSON, USA, 17 ans, 2’27s83
  • 100 papillon : 1. Maggie MACNEIL, Canada, 18 ans, 58s38
  • 200 papillon : 1. Olivia CARTER, USA, 18 ans, 2’9s45
  • 200 4 nages : 1. Alex WALSH, USA, 17 ans, 2’12s06
  • 400 4 nages : 1. Emma WEYANT, USA, 17 ans, 4’40s64 ; 2. Mariah DENIGANT, USA, 15 ans, 4’41s39
  • 4 fois 100 mètres : 1. USA, 3’40s10 (au départ, Gretchen Walsh, 54s92)
  • 4 fois 200 mètres : 1. USA, 7’57s93 ; 2. AUSTRALIE, 7’59s97 (au start, Lani Pallister, 16 ans, 1’58s83).
  • 4 fois 100 4 nages : 1. USA, 4’2s33 (Phoebe Bacon, 1’0s49 ; Emily Weiss, 1’8s52; Lucie Nordmann, 58s57; Gretchen Walsh, 54s75); 2. CANADA, 4’0s64

MIXTE

  • 4 fois 100 4 nages : 1. USA, 3’47s01 (en crawl, Gretchen WALSH, 15 ans, 53s78)

 

 

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About Eric Lahmy

Eric Lahmy

Né à Tunis en Tunisie le 1er juin 1944, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Nageur, il a été champion de Tunisie du 200 mètres brasse en 1964. Il a ensuite été journaliste à L’Equipe entre 1969 et 2011, il a effectué de multiples collaborations, dont …

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