Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.
C’était décidé. Ma mission, pour la première journée – hier – du meeting de Courbevoie, serait de rencontrer Cyrielle Duhamel.
Pourquoi elle ? Cyrielle, son nom m’avait accroché, peut-être à cause de Georges, l’écrivain bien oublié aujourd’hui mais qui avait été nommé vingt-sept fois au Prix Nobel de littérature et dont je ne sais plus quel texte dans un Lagarde et Michard avait participé à mes lectures. Une autre nageuse, Camille Gheorghiu, me complique la recherche du prénom de Virgil, l’auteur de La 25eme Heure.
Cyrielle avait à mes yeux deux qualités : talentueuse exécutante des quatre nages, médaillée des championnats d’Europe juniors, elle appartient à une entité, le Stade de Béthune Pélicans Club, au nom intriguant et ravissant. Béthune, qui avait sorti il fut un temps un « bourreau » du catch, proposait ici une sirène aquatique. Je me voyais déjà en train de me faire expliquer par elle, son entraîneur ou un accompagnateur, la saga du club.
Comme elle ne nagerait que le 400 quatre nages, à Courbevoie, mon plan était d’arriver assez tôt vendredi pour la cueillir à la sortie de sa série. Je partis donc de chez moi, confiant dans la facilité de ma tâche : aidé du réseau de transports en commun que le monde nous envie (je ne plaisante pas), de rejoindre assez tôt la piscine olympique du centre Charasse. Pour éviter l’assez longue marche de la Défense à Charasse, j’avais décidé de rejoindre l’Esplanade de la Défense pour y récupérer le bus 176, dont un arrêt, sur le plan apparaissait contigu au métro, et qui devait conclure mon parcours.
Et en effet, depuis l’esplanade, des panneaux témoignaient de la proximité d’une foule de bus dont le fameux 176. Mais une demi-heure à marcher me convainquit que mon projet sentait le roussi, quand j’atteignis le métro Victor Hugo, guère prévue dans mon programme, où, ironie, trois 176 me passèrent sous le nez sans que je ne puisse trouver leur arrêt. Rebroussant chemin, je dénichai l’arrêt, joliment bien caché, du 176. Je temps passait et je sentais que l’arrière-petite-nièce de Georges, ou petite cousine d’Alain, ou lointaine parente de Josh, bref, la petite dernière tous les Duhamel, était en train de me filer entre les doigts.
Vingt minutes plus tard, sorti du bus, je rencontrais à cinq cents mètres du centre Marc Maillot, le directeur du centre, qui s’en allait déjeuner, et, me prenant sans doute pour un fou, m’expliqua que c’était fini. Sauf les 400 quatre nages.
J’avais encore une chance, à ceci près que je n’ai jamais expérimenté une entrée de piscine aussi introuvable que celle de Courbevoie. Le bassin est superbe, mais il faut le mériter. L’an passé, ils avaient bloqué l’entrée par le Centre commercial, et pour ne pas refaire la faute de l’année dernière, je passai par les parkings, où je m’égarais, puis par une autre entrée, obturée par des travaux. Donc la voie bloquée l’année précédente ne l’était plus ! J’y retournais dans un état proche de l’Ohio (oh ! aie ! oh !!) et tombais sur une brave dame qui m’avertit que : 1) tout était fini ; 2) qu’on ne pouvait pas passer ; 3) que de toute façon, elle avait mis les grilles et conclut par un « il n’y a pas de quoi » sarcastique, estimant sans doute que je ne l’avais pas remerciée assez vite pour toutes ces bonnes nouvelles.
Je me réconfortais devant une pizza et un coca, et attendis bravement trois heures les finales. Là, j’arrivais parmi les officiels afin de prendre un programme, et plongeais dans la finale du 400 quatre nages dames. Pas de Cyrielle, pas de Duhamel. Cela sentait le lapin à plein nez. Je m’en ouvris à une amie, Mado Vu Van, dirigeante du club, qui posa la question au directeur de l’épreuve, Olivier. « Cyrielle Duhamel ? Ah, elle est tombée malade, la grippe. Elle a déclaré forfait. »
Il y a des jours comme ça, où on ferait mieux de rester chez soi.
*****************************************************************************************************************
A part ça, ce vendredi, Yonel Govindin a gagné le 50 libre messieurs en 22s71, Paul Barascud, le 800 en 8’17s97 et Mehdy Metella (les trois du CN Marseille) le 50 papillon en 24s29, devançant Florian Truchot, d’Orléans, 24s46, et Yonel Govindin, 24s58…