NCAA Dames 2018 jour 4 : Les temps forts de Stanford contre les petites mains de Cal

Eric Lahmy
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March 18th, 2018 Français

Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.

Dimanche 18 Mars 2018

Les NCAA féminines 2018 ont fourni leur lot de courses extrêmement serrées et intéressantes, et des records US ont continué à être battus. Le nombre d’exploits est tel qu’on ne peut en privilégier un, entre Kathleen Baker qui gagne avec panache son 200 dos, Simone Manuel qui continue de dominer le sprint dans un joli sans faute, Killy King qui ravage la brasse avec talent.

En revanche, il est sûr, avec les nageuses que Stanford a su attirer autour de ses programmes d’enseignement et de sport, son équipe, coachée par Greg Meehan, un ancien nageur de dos et enseignant de mathématiques, transfuge d’UCLA et de Californie, et par Tracy Slusser, qui ajoute à ses capacités techniques celle de recruteuse hors pair, ne pouvait être battue. Simone Manuel, qui gagne le 50 et le 100, sans coup férir, et se place sur 200 et joue sa partition dans des relais, rétablissant plus qu’à son tour des situations périlleuses, Katie Ledecky, moins incontestable que l’an passé et d’ailleurs moins utilisée, mais quand même extrêmement costaude.  Ella Eastin a été épatante, qui a devancé Ledecky sur 400 quatre nages, et enlevé le 200 quatre nages.

Terry McKeever et Sarah Dunleavy, les coaches de Californie Berkeley, ont été battues, mais avec les honneurs : elles ont fait un bon boulot. L’un des talents reconnus de McKeever, est sa capacité à recruter des nageuses dont personne ne voudrait mais dont elle décèle infailliblement le potentiel, ou encore le fait qu’elles n’ont pas été bien exploitées à l’école secondaire, et permet ensuite un épanouissement inespéré. Mais bien sûr, c’est quelquefois difficile face aux grosses pointures d’en face.

KATHLEEN BAKER DONNE LA LEÇON SUR 200 DOS

200 yards dos.- 1. Kathleen Baker, California, 1:47s30 (record, ancien par Elizabeth Pelton, 1’47s84). 25s17, 52s31, (27s14), 1:19s47 (27s16), 1:47s30 (27s83);
2. Asia Seidt, Kentucky, 1:49s24. 25s90, 53s68 (27s78), 1:21s56 (27s88), 1:49s24 (27s68).
3. Beata Nelson, Wisconsin, 1:49s27. 25s56, 53s20 (27s64), 1:21s13 (27s93), 1:49s27 (28s14).
4. Lisa Bratton, Texas A&M, 1:50s74. 26s50, 54s42 (27s92), 1:22s55 (28s13), 1:50s74 (28s19).
5. Clara Smiddy, Michigan, 1:50s80.26s20, 53s98 (27s78), 1:22s31 (28s33), 1:50s80 (28s49).

Sur 200 yards dos, la lutte semblait incertaine entre Kathleen Baker, Ally Howe et une « sophomore » du Wisconsin, Beata Nelson. Baker, médaillée d’argent olympique sur 100 dos, était bien la seule de ce groupe à mener de front une carrière NCAA et une autre aussi florissante en grand bassin. Mais dans un baquet de 22,86m, la relance du mur, l’importance excessive qu’on prises les coulées sous-marines et la différence dans les distances nagées rendent inadéquates toutes les comparaisons possibles. Impossible de parier sur telle ou telle.

Le verdict de la compétition ? Howe avait annoncé avant la course que ce 200 yards dos serait la dernière course de sa vie. C’est en général un mauvais signe, car c’est déjà s’installer dans l’après, c’est-à-dire un futur déshydraté. Un tel contexte n’a pas empêché une Maya Di Rado, à la veille d’entrer dans sa vie professionnelle, d’arracher de haute lutte un titre olympique à Rio, mais voilà : Ally Howe ne s’est pas qualifiée pour la finale, en héritant du 9e temps des séries.

Du coup, ce fut une des rares courses où Stanford ne présentait pas une fille pour la « gagne ».Baker était débarrassée de celle qui, l’avant-veille, l’avait atomisée sur 100 yards (en 49s70 contre 50s18) mais se trouvait quand même sous la menace de Nelson, qui l’avait elle aussi précédée dans cette malheureuse course (en 49s92).

Nelson, par ailleurs, l’avait devancée en qualification, et une autre étudiante de première année, Asia Seidt, futur médecin, apparaissait pouvoir s’intégrer dans leur duel. Querelle de générations pour trois ans d’écart, entre Baker, 21 ans, Seidt et Nelson, 18 ans.

Baker opta pour lancer sa machine à pleine vitesse. Nelson fit ce qu’on attendait d’elle, et joua la victoire, s’échinant à suivre le train d’enfer. Finalement, Baker ne fut jamais rejointe, et si elle ne respecta pas la moindre égalité d’allure, elle réussit à battre le record de la course, 1’47s30 contre 1’47 par Elizabeth Pelton, 1’47s84 en 2013.

Beata vit son retard augmenter longueur après longueur et sa fatigue la fit devancer d’extrême justesse, à la touche, par Seidt.

SIMONE MANUEL FAIT LA COURSE EN TÊTE, COMERFORD DEVANCE WEITZEIL

100 yards libre.-  1. Simone Manuel, Stanford, 45s65 ( 21s76 + 23s89).
2. Mallory Comerford, Louisville, 46s20 (22s44 + 23s76).
3. Abbey Weitzeil, California, 46s74 (22s31 + 24s43.)
4. Siobhan Haughey, Michigan, 46s91 (22s63 + 24s28).
5. Béryl Gastaldello, Texas A&M, 46s98 (22s61 + 24s37).
6. Erika Brown, Tennessee, 47s08 (22s68 + 24s40).

La question qu’avait posé, à juste titre, avant la course, SwimSwam, était “Mallory Comerford peut-elle battre Simone Manuel. » Sur le papier, c’est toujours un peu excitant de tordre tous les paramètres possibles, quand l’une, Manuel, est plus rapide, comme son 50 yards en fait foi, et l’autre, Comerford, plus endurante, son succès face à Manuel sur 200 le démontre. Mais le paramètre qui emporterait la décision était la sureté de Manuel, sa capacité de produire la meilleure performance P au jour J à l’heure H et à la minute M. Sur ce plan, elle entre dans la catégorie des Phelps, des Ledecky, des Hosszu, et autres cannibales que frôle aussi une Pernille Blume. Je l’ai déjà écrit quelque part, mais j’ai été frappé par cette réflexion amusée de Missy Franklin, alors au sommet de sa gloire, au sujet d’une toute gamine Manuel : « cette fille n’a absolument peur de personne. »

Ici encore, Manuel a mené sa barque avec la certitude d’une bonne routière. Elle a pris ses distances assez vite, laissant Weitzeil qui menait la poursuite au niveau de ses hanches au virage de la mi-course, et n’a laissé personne revenir. Même le retour solide de Comerford ne la dérangea guère.

Notre Béryl Gastaldello préférée était dans cette finale, et y fit belle mine, et devança la charmante Erika Brown… qui eut cette fois le bon goût de préférer le crawl au papillon pour son parcours de libre.

QUEEN LILLY KING TOUJOURS DEVANT, BETHANY GALAT SOLIDE SECONDE

200 yards brasse.- 1 Lilly King, Indiana, 2:2s60 (26s96, 58s39, (31s43), 1:30s56 (32s17), 2:2s60 (32s04).
2. Bethany Galat, Texas A&M, 2:3s26 (28s63, 1:0s09 (31s46), 1:31s58 (31s49), 2:3s26 (31s68).
3. Sydney Pickrem, Texas A&M, 2:05s79 (28s79, 1:0s76 (31s97), 1:33s07 (32.31), 2:5s79 (32s72).

Lilly King attaqua son 200 brasse comme si elle avait un avion à prendre (le même que Manuel sans doute), ce qui rendit son retour difficile en face de la remontée de Bethany Galat, laquelle lui reprit une demi-longueur de corps. Mais Lilly (la tigresse) grattait une demi-seconde sur son record, 2’3s18, que Galat frôlait.

1650 yards: Katie Ledecky, dont le record US sur 1650 yards est de 15’3s31, nageait 15’7s57, record NCAA, avec un passage aux 1000 yards en 9’5s89. Elle faiblissait après les 1100 yards et laissait ensuite, passant de 54s6 à 55s5 en moyenne par tranche de 100 yards à plus de 56s ses chances de rejoindre son record. Ce fléchissement est dénoncé par ses tranches de 500 jusqu’aux 1500 , en 4’31s87, 4’34s02 puis 4’38s36. Elle améliorait cependant d’un poil son meilleur temps des NCAA établi l’an passé, 15’7s70. Ally McHugh, de Penn State, nageait 15’36s27, mais accélérait en negative split pour prendre quatre secondes à la 3e,  Hannah Moore, de North Carolina State, 15:40s68. Megan Byrnes et Leah Stevens, de Stanford, signaient un 15’43s68 et un 15’49s07.

4 fois 100 yards.-  1. Stanford, 3:7s94 [Janet Hu, 22s75, 47s49, Ella Eastin, 1:10s14 (22s65), 1:34s62 (47s13), Katie Drabot, 1:57s57 (22s95), 2:22s47 (47s85)Simone Manuel (2:44s09 (21s62) 3:7.94 (45s47)]

2. California, 3:8s05 [Amy Bilquist, 22s68, 47s59, Abbey Weitzeil, 1:9s09 (21s50), 1:33s96 (46s37), Kathleen Baker, 1:56s32 (22s36), 2:21s17 (47s21), Katie McLaughlin, 2:43s23 (22s06), 3:8s05 (46s88].

3. Virginia, 3:10s50 [Morgan Hill, 23s23, 48s23, Laine Reed, 1:11s (22s77), 1:35s63 (47s40), Kyla Valls, 1:58s08 (22s45), 2:23s10 (47s47), Caitlin Cooper, 2:45s30 (22s20), 3:10s50 (47s40)]

4. Louisville, 3:10s53 [Mallory Comerford, 22s53, 46s67, Lainey Visscher, 1:9s15 (22s48), 1:34s81 (48s14), Arina Openysheva, 1:57s38 (22s57), 2:22s60 (47s79), Casey Fanz 2:45s38 (22s78), 3:10s53 (47s93)]

5. Michigan, 3:10s73 [Gabby Deloof, 23s01, 47s91, Catie Deloof, 1:10s74 (22s83), 1:35s66 (47s75), Siobhan Haughey, 1:58s30 (22s64), 2:22s72 (47s06), Daria Pyshnenko, 2:45s27 (22s55), 3:10s73 (48s01)]

Le relais quatre fois 100 yards libre a été gagné, oui, c’est ça, vous l’avez deviné, par Stanford. Devant Cal Berkeley battu de 0s11 !! J’imagine Teri McKeever, la coach de Cal Berkeley en train de manger son chapeau d’avoir vu ses filles se faire devancer à chaque fois d’un rien du tout ! Pas besoin de vous raconter, les temps de passage donnent tout de l’histoire. Simone Manuel prend le relais avec une grosse longueur de retard et récupère tout sur cette pauvre Katie McLaughlin. Le meilleur temps au start de toute la compétition est de Mallory Comerford, Louisville, 46s67.

On peut noter aussi que Stanford a moins utilisé Ledecky que l’an passé, ainsi elle n’est pas dans ce relais, tout comme elle n’a pas nagé le 1650 yards. Katie est un petit peu moins vite, moins triomphante qu’en 2017, même si elle reste largement invincible sur les longues distances aux USA.

CLASSEMENT PAR EQUIPES.

1. Stanford, 593; 2. California, 373; 3. Texas A&M, 299pts; 4. Michigan, 267; 5. Louisville, 232; 6. Texas, 221.5; 7. Tennessee, 180.5; 8. Indiana, 169; 9. Virginia, 161; 10. Minnesota, 157; 11. Georgia, 135; 12. Southern Cal, 127; 13. Ohio St, 123; 14. Kentucky, 97; 15. Missouri, 86; 16. Auburn, 82.5; 17. Wisconsin, 78; 18. NC State, 70; 19. Purdue, 51; 20. Arizona, 46; 20. South Carolina, 46; 22. Northwestern, 40; 23. Arizona State, 34; 24. University of Nevada, 33; 25. UNC, 32; 26. UCLA, 31; 27. Arkansas, 30; 28. Hawaii, 29.5; 29. Penn State, 26; 30. Alabama, 23; 31. Denver, 20; 32. Eastern Michigan, 18; 33. Virginia Tech, 14; 33. Miami University, 14; 35. Nebraska, Florida, 11; 37. Wyoming, 9; 38. Louisiana State University, 8; 39. Akron, Rutgers, 6; 41. Notre Dame, 4; 42. Duke, Florida State, 3; 44. West Virginia, University of Miami, 2.

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About Eric Lahmy

Eric Lahmy

Né à Tunis en Tunisie le 1er juin 1944, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Nageur, il a été champion de Tunisie du 200 mètres brasse en 1964. Il a ensuite été journaliste à L’Equipe entre 1969 et 2011, il a effectué de multiples collaborations, dont …

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